On voit mourir...

On voit mourir toute chose animée,

Lors que du corps l’âme subtile part :

Je suis le corps, toi la meilleure part :

Où es-tu donc, ô âme bien aimée ?

 

Ne me laissez pas si longtemps pâmée :

Pour me sauver après viendrais trop tard.

Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :

Rends-lui sa part et moitié estimée.

 

Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse

Cette rencontre et revue amoureuse,

L’accompagnant, non de sévérité,

 

Non de rigueur, mais de grâce amiable,

Qui doucement me rende ta beauté,

Jadis cruelle, à présent favorable.

Référence bibliographique

Labé, Louise, « On voit mourir… », Œuvres complètes, Genève, Droz, 1981 [1555-56].

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